Métiers de la musique / Fiches pratiques / L'éventail des métiers de la musique / Facture instrumentale, lutherie

Fiche pratique
Facture instrumentale - Lutherie
La facture instrumentale appartient à la famille des métiers d’art. Elle recouvre les nombreux métiers hautement qualifiés liés à la fabrication artisanale et semi-industrielle des instruments de musique. Le terme de lutherie renvoie spécifiquement à la fabrication des instruments à cordes frottées ou pincées. Si l’univers de la facture instrumentale concerne avant tout la qualité des savoir-faire traditionnels, les professionnels s’impliquent également dans la recherche et l’innovation, notamment dans le domaine des matériaux et résines naturelles et écologiques.
Un secteur artisanal, des professions très qualifiées
Le secteur des instruments de musique en France concerne 2 869 entreprises et emploie environ 6 560 personnes réparties en trois filières principales : la fabrication d'instruments, la réparation et le commerce de détail. Les activités de réparation, de restauration, de fabrication et d'accord de piano représentent 67% des entreprises, la distribution 29% et 4% sont des importateurs d'instruments.
La filière de la fabrication - réparation- restauration est majoritairement constituée de très petites entreprises. La quasi-totalité des luthiers -instruments du quatuor, facture de guitare et d’orgue - ont le statut d’artisan et travaillent en indépendant. En ce sens, ils assument l’ensemble des fonctions administratives et commerciales de l’entreprise.
La facture des instruments à vent, du piano, de la harpe, concerne des entreprises semi-industrielles, issues souvent d’une longue tradition familiale comme les prestigieuses maisons Selmer ou Buffet-Crampon.
Des qualifications reconnues
Les métiers de la facture instrumentale sont préparés par 15 diplômes et spécialités dans les secteurs de la fabrication, de la maintenance, de l’accord, de la réparation, de la commercialisation et de la distribution des instruments de musique. L’implication des professionnels dans la formation, notamment via l’apprentissage, est un des garants de la qualité de l’enseignement.
Transcription de la vidéo
Je suis Marie-Anne Loeper-Attia, conservateur - restaurateur au Musée de la musique de la Philharmonie de Paris.
Vos missions ?
On pourrait résumer mes interventions de la manière suivante : constat d'état sur l'objet, vérifier l'état de conservation des différents matériaux, voir avec le conservateur ou le chargé de collection quels sont les objectifs de l'intervention, mise en état de jeu d'un instrument, mise en état de présentation d'un instrument, mise en état de conservation simple.
Pour la jouabilité, généralement, on s'entoure aussi d'autres spécialistes parce que la jouabilité d'un instrument est un problème assez large. Est-ce qu'il y a un répertoire associé ? Est-ce que l'instrument peut supporter une remise en état de jeu ? On fait donc une proposition d'intervention qui sera validée par le conservateur et qui sera réalisée soit par mes soins, soit par des équipes externes.
Une journée type ?
Il n'y a pas de journée type parce que chaque objet est différent, chaque demande est différente et à moi de m'adapter aussi en fonction des urgences, pour demain, pour la veille, pour après-demain. J'arrive tôt pour essayer justement d'organiser la journée, voir comment gérer le laboratoire. Et puis après vient le tout venant, les chercheurs à recevoir, les activités à monter avec les conservateurs, les restaurateurs extérieurs, les services des expositions temporaires et toutes les urgences qui s'ensuivent.
Pourquoi ce métier ?
Au départ, j'étais passionné d'archéologie et donc tout ce qui recèle de l'histoire d'un objet, du passé : comment expliquer l'objet, comment retrouver l'histoire de l'objet ? Et c'est aussi en cela qu'un instrument de musique est passionnant, parce que c'est à la fois un objet esthétique, c'est un instrument scientifique aussi : comprendre comment il marche, et puis c'est un objet d'usage et donc comment retrouver cette fonctionnalité ou pas ? Et sinon, comment la montrer au public ?
Votre parcours ?
Mon parcours est assez compliqué. Au départ, j'avais commencé par des études de médecine et plutôt que de soigner des gens malades, j'ai décidé de soigner des objets malades. Donc j'ai fait des études d'égyptologie en parallèle à des études de sciences, une licence de chimie, puis j'ai intégré une école de conservation - restauration d'objets d'art. J'ai fait ensuite un DEA en archéologie, puis j'ai intégré un laboratoire de restauration d'objets archéologiques à Compiègne pendant une dizaine d'années. J'ai ensuite eu le poste de responsable de l'enseignement de la restauration du métal à l'Institut national du patrimoine. C'est un mi-temps et mon autre mi-temps, je le fais ici au musée de la musique.
Quelles compétences ?
Déjà, il ne faut pas avoir deux mains gauches. Il faut quand même être relativement habile manuellement, même si ça s'apprend. Il faut être patient, il faut être calme, il faut être passionné. Et bien souvent, l'objectif est que notre travail ne soit pas vu, donc il faut rester assez humble par rapport à ce que l'on fait. Il faut avoir des connaissances scientifiques et techniques parce qu'un objet, c'est aussi un matériau qui vieillit. Donc comprendre le vieillissement des matériaux, comprendre les interactions à la fois mécaniques et physiques que cela suppose.
Vos interlocuteurs ?
Ma place dans le musée est à l'interface entre plusieurs spécialités, que ce soit les conservateurs du musée pour des projets de restaurations, que les communautés scientifiques extérieures, des muséographes ou commissaires d'expo extérieurs. Au sein du musée, nous travaillons aussi avec d'autres services, que ce soit la régie des œuvres, que ce soit le service des expositions permanentes. Et enfin, nous accueillons de nombreux stagiaires.
Un objet ?
Tout d'abord, un tambour daïko, un tambour japonais qu'on a retrouvé dans les réserves il y a quelques années, un peu par surprise. C'est un instrument qui est dans son état originel.
Un autre instrument qui est assez complémentaire et qui montre bien la diversité de l'instrument de musique, c'est la croix sonore qui est un des ancêtres de la musique électronique.
Un conseil ?
Il faut avoir du courage, de la persévérance, parce que rien n'est gagné. Les places sont peu nombreuses en institutions, malheureusement. La plupart des gens travaillent en tant que profession libérale. Il faut également choisir une spécialité. Vous avez un enseignement qui se dispense dans quatre écoles en France pour pouvoir travailler sur les collections publiques, les musées de France : Institut national du patrimoine, département des restaurateurs, Master de Conservation - restauration des biens culturels de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et deux écoles d'art, Tours et Avignon, plutôt sur ce qui est sculpture, sculpture polychrome ou objet contemporain.
Secteur d’activité, métiers et fonctions
La Chambre syndicale de la facture instrumentale, très active et dynamique, fait une veille régulière sur l'activité économique du secteur et les enjeux sociaux et professionnels de la filière (formation et transmission, relations internationales, recherche et développement sur les nouveaux matériaux, le changement climatique ou la protection des espèces végétales ou animales ...). Les études et rapports sont consultables sur le site de la CSFI.
Pour une description précise des différentes spécialités, se référer aux fiches métier de la CSFI (Facteur d’accordéon, guitare, orgue, piano, vent, luthier du quatuor)
A découvrir aussi, les nombreuses ressources (informations et formations, analyses sectorielles, études ...), par exemple l'étude réalisée en partenariat avec L’Institut des savoir-faire français : Métiers d'art de la facture instrumentale.
Quelques exemples :
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Luthier du quatuor
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Facteur-accordeur de pianos et claviers
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Facteur-luthier de guitares
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Facteur d’instruments à vent
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Facteur d’orgue
Le luthier du quatuor est le facteur des instruments à cordes frottées - violon, alto, violoncelle, contrebasse. La connaissance du bois et de son travail, associée à une bonne oreille et au sens musical, sont déterminants pour s’engager dans ce métier. Le secteur est très concerné par les questions écologiques et environnementales et par l’innovation sur les matériaux. Le travail de restauration et d’expertise joue un rôle important dans l’activité du luthier.
Le facteur de pianos participe à la fabrication semi-industrielle des instruments, répare et entretient tout type de piano. Ses connaissances concernent toutes les parties de l’instrument : la structure générale, la mécanique et le meuble. Une partie est traitée en ébénisterie (la table d’harmonie, le chevalet) et les autres parties, techniques, demandent une qualification de haut niveau.
Le facteur de guitares - appelé parfois luthier en guitare - fabrique, répare et assure la maintenance de tous les types de guitares : folk, rock, jazz, classique. Ses compétences vont de la fabrication d’un instrument entier à la reconstruction à partir de pièces existantes.
Ces instruments font appel à des savoir-faire et à des techniques comme le polissage, la chaudronnerie, la soudure, le façonnage, le tournage, mis au service de la recherche de sonorités. À côté de la fabrication semi-industrielle, les débouchés existent essentiellement dans le secteur de la maintenance et de la réparation.
Fabriquer un orgue va de la conception architecturale de l’ensemble à la définition des harmonies et un savoir-faire technique et artistique. Une part essentielle du travail concerne l’entretien et la restauration des orgues classés ou inscrits au patrimoine.
Les diplômes, les formations
Les formations à la facture instrumentale se déroulent dans des établissements spécialisés et privilégient l’alternance ou l’apprentissage. Les diplômes Bac Pro, CAP et Brevet des métiers d’art sont très reconnus par la profession qui s’implique largement dans les formations.
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Lutherie du quatuor
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Facture/lutherie de guitares
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Facture d’orgue ; facture de piano
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Facture instruments à vent
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Commerce de produits musicaux
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Les écoles de lutherie à l’étranger
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La filière bois
L’Ecole Nationale de Lutherie se trouve au lycée Jean-Baptiste Vuillaume à Mirecourt. C’est le seul lieu de formation public en France consacré à la lutherie du quatuor. Elle recrute au niveau international après le baccalauréat et conduit en 3 ans au Diplôme des Métiers d’Arts (DMA) en Lutherie.
En savoir plus sur la formation.
La formation à la facture, ou lutherie de la guitare, est dispensée par le Lycée professionnel Fernand Léger de Bédarieux pour le CAP et jusqu’au Brevet des métiers d’art (BMA) par l’Itemm du Mans. Cliquez ici pour voir la liste des formations.
Facture d’orgues (facteur, tuyautier). Une seule formation très spécialisée en Alsace au Centre national de formation d’apprentis facteurs d’orgues d’Eschau. Un Bac Professionnel en apprentissage.
En savoir plus sur la formation
Facture de pianos (accord et réparation). La formation à l’accord et la réparation de piano est assurée par l’Itemm ou Institut technologique européen des métiers de la musique au Mans spécialisé dans toute la facture des vents et de la guitare avec des CAP et Brevet des métiers d’art (BMA). L’École régionale des déficients visuels de Lille - ouverte à tous les publics - et l’Institut des jeunes aveugles à Paris forment au métier d’accordeur-réparateur. Cliquez ici pour voir la liste des formations.
Créé au Mans en 1993, l’Itemm (Institut technologique européen des métiers de la musique) forme aux métiers de la facture instrumentale : piano, guitare, accordéon et des instruments à vent. Il forme au CAP et au Brevet des métiers d’art (BMA) option instruments à vent. Son Pôle innovation est très impliqué dans les recherches technologiques et acoustiques. De nombreux stages de formation professionnelle continue sont organisés toute l’année.
Le titre professionnel (RNCP) Manager d’Unité Marchande (MUM) - Spécialité produits musicaux se prépare à l’Itemm.
En savoir plus sur la formation
Parmi les écoles étrangères : Crémone (Italie), Newark (Royaume-Uni), Québec (Canada) ou Mittenwald (Allemagne), sont toutes très réputées pour leurs formations en lutherie. Cliquez ici pour voir une liste d'établissements à l’étranger (classement par pays).
Les formations aux techniques du bois (menuiserie, ébénisterie, vernissage, etc.) peuvent constituer une première étape pour l’apprentissage de la facture instrumentale. Ceci est particulièrement vrai pour la facture de guitares. Pour trouver la liste des diplômes et des établissements de la filière bois, consultez les sites des organismes suivants :
Mise à jour : mars 2025
À voir aussi
Restauration et conservation
Le laboratoire du Musée de la musique
Le laboratoire associé au Musée apporte une expertise internationalement reconnue pour ses recherches et ses travaux concernant la conservation et la restauration de l’instrument de musique.
Coulisses
Les missions de l’accordeur
Article d’Aude Giger, publié le 14 février 2020 dans le Magazine en ligne de la Philharmonie.
Ressources en ligne
Annuaire officiel des métiers d’art
L’annuaire officiel des métiers d’art est développé par l’Institut des savoir-faire français. Il recense notamment tous les artisans du secteur de la facture instrumentale.
Organismes professionnels
Institut pour les Savoir-Faire Français
Anciennement Institut national des métiers d’art, il a pour but de dynamiser le secteur des métiers d’art en France et à l’international. Information et promotion autour des quelques 300 métiers d'art, orientation, formations et transmission, accompagnement des entreprises, rencontres professionnelles, etc.
Itemm
Centre international de formation initiale et continue ; Pôle national d’innovation ; centre documentaire et technique, l’Institut technologique européen des métiers de la musique (Itemm) est dédié aux métiers de la facture instrumentale : piano, guitare, instruments à vent .
Aladfi
L’Association des luthiers et archetiers pour le développement de la facture instrumentale (Aladfi) a été créée en 1982. L’association a pour objectif de promouvoir la facture instrumentale.
APLG - Guitare
L'Association Professionnelle des Luthiers artisans en Guitare et autres cordes pincées (APLG) est née en avril 2013 et compte une centaine d’adhérents. Annuaire professionnel et informations.
CLAC
Le « Collectif de Lutherie et Archèterie Contemporaine » se compose de professionnels partageant une vision commune de leur Art. Ils accueillent et accompagnent les musiciens désireux d’approfondir leurs recherches sonores, autour de leur Galerie d’instruments et archets contemporains.
CSFI
La Chambre syndicale de la facture instrumentale (CSFI) regroupe les sociétés et les artisans qui fabriquent, distribuent et exportent les instruments de musique. Sa mission essentielle est la protection des métiers de la facture instrumentale.
Europiano France
Europiano France est une association de professionnels qualifiés dans la réparation, l’accord et l’entretien des pianos.
Glaaf
Le Groupement des luthiers et archetiers d’art de France (Glaaf) a pour but de promouvoir la facture instrumentale moderne tout en œuvrant pour la sauvegarde du patrimoine d’instruments anciens.
UNFI
Union Nationale de la Facture Instrumentale regroupe les acteurs de la musique ancienne, de la musique traditionnelle et des musiques d’aujourd’hui (des flûtes, cornemuses ou vièles médiévales au clavecin ou au violon électrique ...). Annuaire professionnel et informations sur les instruments.