La Charte des missions artistiques et territoriales

des scènes publiques (2023)

En 2013, le Syndicat national des scènes publiques (SNSP) et France Festivals ont conjointement élaboré avec la FNCC (Fédération nationale des collectivités pour la culture), une Charte pour une bonne gouvernance des scènes et festivals appuyée par un dialogue constructif et fédérateur entre les structures et leurs collectivités de tutelle. L'actualisation de la Charte en 2023 pointe sur de nouveaux impératifs parmi lesquels la liberté artistique, l’attention à l’égalité femme/homme, la prise en compte du changement climatique et de la crise énergétique, l’attention aux respects des droits culturels.

Les festivals s'engagent sur la qualité des propositions artistiques, la promotion des artistes femmes et des artistes reconnus ou émergents en tenant compte des dynamiques territoriales locales et régionales ; le développement de l’action éducative et culturelle ; la contribution à l’attractivité des territoires ; la veille à l’égalité des conditions de travail et de rémunération entre les femmes et les hommes

• Voir la Charte des missions artistiques et territoriales sur le site France Festivals

Les travaux d'enquêtes

Le rôle et la place importante occupés par les festivals dans le paysage culturel suscitent enquêtes, études et analyses depuis environ deux décennies. À l’initiative, et coordonné par France Festivals, le programme de recherche SoFEST ! empreinte sociale et territoriale existe depuis 2018. Les enquêtes portent sur l’identité des festivals, leurs indicateurs d’activités culturelles, artistiques, territoriales, leurs ressources humaines et budgétaires, leurs pratiques tarifaires, etc...

Dans ce cadre, l’étude sur les publics des festivals publiée fin 2020 prolonge et confirme un certain nombre de tendances, parmi lesquelles :

• Un public majoritairement féminin avec une surreprésentation très marquée pour les musiques classiques et du monde, la chanson, la danse ou le théâtre et atténuée pour les musiques actuelles et le jazz.
• Une moyenne d’âge autour de 60 ans pour les musiques classiques (rajeunie par rapport au 65 ans de l’enquête de 2008) ; près de 56 ans pour le jazz et de 52 ans pour les musiques du monde. Les musiques actuelles rassemblent sans surprise les publics les plus jeunes (35 ans)
• Très diplômés : les festivaliers « Bac + 3 et au-delà » dominent largement pour les esthétiques « savantes » : musique classique, jazz, danse, théâtre. Logiquement les catégories sociales supérieures (cadres, professeurs, scientifiques, libéraux) rassemblent toujours plus de la moitié du public et ont par ailleurs une forte implication dans des pratiques culturelles variées (spectacle, cinéma, lecture etc.)
• Un public de proximité, les festivals attirent d’abord le public géographiquement proche : au niveau du département ou de la région.
• Plutôt fidélisé pour les esthétiques classique, jazz et musique du monde.
• Les motivations à fréquenter un festival tiennent d’abord aux artistes programmés, à la confiance dans la programmation et l’envie de découvrir des artistes, mais aussi à la notoriété du festival et aux sites patrimoniaux qui l’accueille.

Découvrir l'ensemble des études / enquêtes sur le site de France Festivals

Une programmation large et variée

Les dominantes de programmation en musique classique peuvent recouvrir des esthétiques musicales, des répertoires ou des genres, ou se concentrer sur des instruments : musique ancienne et baroque, musique classique et romantique, art vocal (chant lyrique, chœurs), musique contemporaine et de création, musique de chambre, piano ou orgue.

Près de la moitié des festivals affichent clairement une ligne ou une thématique dominante de programmation : la musique de chambre (fortement majoritaire dans l'ensemble des programmations), le chant et l'art vocal, la musique ancienne et baroque, le répertoire pour piano ou pour orgue, ou encore la musique contemporaine et de création.

Les associations, rencontres et affinités entre esthétiques, genres ou répertoires sont de plus en plus fréquentes au sein des programmes. Les festivals centrés sur la musique de chambre ou l'art vocal peuvent aisément programmer des ensembles de musique ancienne, romantique ou contemporaine avec des artistes issus du jazz ou de la chanson.

On peut aussi noter la place importante réservée aux musiques traditionnelles dans de nombreux festivals, le plus souvent de musique ancienne ou d'art vocal.

Quant aux festivals de création, ils associent largement la musique contemporaine, non seulement avec tout un pan des musiques expérimentales ou improvisées, mais aussi avec l'ensemble des arts de la scène et de la performance.

Un outil de valorisation des territoires

Depuis l’édition Carto'classique, réalisée en 2015 par France Festivals, la Philharmonie de Paris, le Cepel (CNRS) et la Sacem, les enquêtes et études se sont régulièrement penchées sur les impacts et retombées économiques et sociales des festivals, leur implication dans la vie et les politiques artistiques des territoires et, de plus en plus fréquemment, leur attention à l'environnement. Cette préoccupation se manifeste également avec le développement des coopérations entre les festivals qu'il s'agisse de partage d’informations, de ressources techniques ou de coûts de diffusion.

Plusieurs tendances se sont confirmées au fil des enquêtes qui ont suivi. Tout d'abord l'extrême variété en taille et en portée des manifestations festivalières : d'une programmation de quelques représentations sur un week-end soutenues par une équipe de bénévoles à des dizaines de concerts sur deux ou trois semaines. Notons aussi la relative jeunesse des festivals - près de la moitié existent depuis moins d'une décennie - et la place importante occupée traditionnellement par la musique (plus de quatre festivals sur dix). Le spectacle vivant (théâtre, danse, arts du cirque, arts de la rue, marionnettes) compte pour 22% des festivals, le livre et la littérature pour 12%, le cinéma pour 9%, le pluridisciplinaire pour 6% et l'art visuel et le numérique pour 5%.

La dernière étude de 2023, confirme la place prépondérante des régions du sud de la France - Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Occitanie - qui accueillent chacune plus de 900 festivals sur leur territoire. Si on y ajoute la région Nouvelle Aquitaine, les quatre régions rassemblent la moitié des 7 300 festivals organisés en 2022.

D'évidentes relations se remarquent entre l'implantation de genres musicaux et les caractéristiques culturelles et patrimoniales des régions. La place de la musique contemporaine est fortement liée au rayonnement des Centres de création musicale comme à Lyon, Paris, Reims, Marseille ou Albi ; les festivals consacrés à l'orgue dans les territoires du Nord et de l'Est couronnent l'importante campagne d'inventaire et de restauration menée depuis une vingtaine d'années dans ces régions riches d’instruments remarquables ; l’art vocal et les musiques baroques trouvent des terres d'élection en Auvergne-Rhône-Alpes ainsi qu'en Alsace, s'appuyant d'une part sur le patrimoine historique d'églises et d'abbayes, et de l'autre sur le dynamisme des ensembles professionnels et des pratiques artistiques qui en découlent.

La valorisation du patrimoine est un enjeu majeur des politiques culturelles territoriales et nombre de festivals s’associent aux sites et lieux historiques pour leur donner une nouvelle vie et renforcer leur attractivité touristique. Les concerts et manifestations sont classiquement accueillis dans les églises, abbayes et châteaux, mais également dans les jardins et les parcs qui programment des concerts originaux et séduisants.

Le patrimoine immatériel prend aujourd’hui le relais : les terres de vignobles et de grands crus, les terroirs de gastronomie ont presque tous des saisons estivales de grande qualité.

Une saisonnalité en extension

Si quatre festivals sur dix sont programmés l'été, plusieurs régions en organisent un nombre important en avant ou après-saison (janvier-juin ; septembre-décembre) comme en Île-de-France, dans le Grand Est ou les Hauts-de-France et dans un certain nombre de métropoles régionales. D'une part parce que la saison estivale est déjà saturée d'événements, d'autre part parce que les partenariats entre les festivals et les acteurs culturels locaux (conservatoires, médiathèques, organismes socio-éducatifs) se renforcent pour se développer le reste de l'année. En revanche, la saison estivale demeure privilégiée par les régions littorales et du sud en raison du climat et de leur attractivité touristique.

Cartographie nationale des festivals : entre l’éphémère et le permanent, une dynamique culturelle territoriale, Edwige Millery, Emmanuel Négrier, Stéphane Coursière. DEPS, Collection Culture études, février 2023.