À l’origine, au dernier quart du XVIIIe siècle, le quatuor à cordes est d’abord joué et écouté dans des salons privés, interprété par le vaste cercle des musiciens amateurs éclairés. La pratique de ce genre musical tend à se professionnaliser tout au long du XIXe siècle et au siècle suivant, alors que se développe un répertoire florissant et de plus en plus complexe. Dans la seconde partie du XXe siècle, le quatuor à cordes bénéficie en France d’un regain d’intérêt du public. Il redevient source d’inspiration des compositeurs, leur fournissant une parfaite plateforme expérimentale.
Ces trente dernières années, une nouvelle génération d’interprètes du quatuor voit le jour. Les lieux de formation qui les accueillent se multiplient alors que se développent des départements de musique de chambre, voire des classes ou des formations spécifiques pour la pratique du quatuor.
Pour les interprètes du quatuor, la pratique suppose non seulement des qualités instrumentales et artistiques de haut niveau, mais elle exige aussi de l’ensemble des musiciens une recherche de cohésion à la fois technique et esthétique. Le quatuor à cordes privilégie ce type et ce degré d’engagement à la fois personnel et collectif. Les quatuors à cordes s’inscrivent nécessairement dans la durée.
Comme le rappelle Bernard Fournier dans son ouvrage L’Esthétique du quatuor à cordes (Fayard, 1999) : « un quatuor, ce ne sont pas seulement quatre musiciens qui interprètent une partition, ce sont quatre êtres humains qui dialoguent musicalement. Et, dans le cas du quatuor professionnel, ils le font pour un public. »