Corelli : compositeur et virtuose
Né le 17 février 1653 à Fusignano, près de Bologne (Italie), Arcangelo Corelli s’installa à Rome en 1671. Il exerça ses premiers emplois en tant que simple instrumentiste à l’église de Saint-Louis-des-Français, puis à celle de San Marcello. Il compte ensuite parmi les familiers de la reine Christine de Suède (1626-1689), qui vivait alors en exil à Rome en raison de sa foi catholique. Elle y entretenait une cour fastueuse où elle recevait et protégeait de nombreux artistes et érudits.
Avec l’appui de la reine Christine, Corelli parvint à se rapprocher d’autres cercles aristocratiques. Il entra au service du cardinal Benedetto Pamphili (1653-1730) puis, de 1690 jusqu’à sa mort, fut protégé par le cardinal Pietro Ottoboni (1667-1740), le plus éminent mécène romain.
Corelli fut l’un des acteurs incontournables de la vie musicale romaine. Il était considéré comme le meilleur violoniste que la cité éternelle ait connu. Son jeu brillant et inspiré a frappé ses contemporains et la virtuosité de son jeu transparaît dans les sonates pour violon solo et basse continue qu’il composa à sa propre intention. Il n’est pas inutile de rappeler ici que la virtuosité instrumentale commençait alors à s’imposer parmi les qualités reconnues aux instrumentistes et compositeurs.
Douze des sonates pour violon solo et basse continue forment l’Opus 5 de Corelli, qui fut publié à Rome en 1700. Ce recueil comprend six sonates d’église, d’inspiration sévère et contrapuntique, et six sonates de chambre, plus libres et mêlées de danses, dont les sonates n° 11 et n°7. Mais cet opus doit sa célébrité à la 12e sonate : La Follia.
Corelli ne fut jamais élevé au rang de maestro di cappella – maître de chappelle - d’une quelconque institution romaine. Il demeura toute sa vie un simple « symphoniste » : un rôle jusqu’alors considéré subalterne, auquel le virtuose romain donna ses premières lettres de noblesse. Il n’a laissé aucune composition vocale, aucun opéra ni aucun oratorio. En revanche, il a fixé les caractéristiques de style et d’écriture de la sonate et du concerto, forgeant un véritable « classicisme » instrumental qui devint un modèle pour des auteurs de diverses nations, tels Haendel (1685-1759), Bach (1685-1750), Telemann (1681-1767), Vivaldi (1678-1741), Hotteterre (1674-1763), Philidor (1726-1795) ou encore François Couperin (1668-1733).
Les compositions de Corelli furent abondamment diffusées à travers toute l’Europe, en particulier grâce aux éditions « pirates » réalisées à Amsterdam, Londres et en Allemagne. Celles-ci furent parfois destinées à d’autres instruments qu’au violon, comme c’est d’ailleurs le cas pour l’enregistrement que nous proposons.
Corelli est mort à Rome le 8 janvier 1713.