À l'italienne
Ainsi, et malgré le surnom de « La Salzbourgeoise » du premier d’entre eux (K. 136), ces divertimenti s’inscrivent-ils dans la succession des trois mouvements vif-lent-vif de la fameuse ouverture dite « à l’italienne » qu’utilisaient déjà les compositeurs de la génération de Vivaldi (1678-1741).
Ce plan accepte toutes sortes de formations : de la musique de chambre (pour laquelle Mozart l’expérimentera lors de son voyage de l’hiver 1772-1773, avec la série des Six Quatuors milanais K. 155-160) à la symphonie (genre auquel il s’attelle tout particulièrement durant cette période sédentaire).
On multiplie alors le nombre de musiciens à partir des quatre parties de cordes écrites et en ajoutant des instruments à vent, ce dont témoignent les Symphonies K. 128 et 129. Dans cet esprit que l’on appellerait aujourd’hui « à géométrie variable », ces divertimenti peuvent se jouer en quatuor aussi bien qu’en symphonie, l’acception non fixe de ce genre permettant une telle liberté. Enfin, la volubilité de la partie de premier violon, principalement concertant, renoue également avec cette primauté brillante de l’aigu tant appréciée en Italie.
Cependant, avec cet esprit de synthèse déjà si acéré, Mozart travaille à l’écriture même. Sous l’influence, essentiellement, de son aîné salzbourgeois Michael Haydn (1737-1806, frère cadet de Joseph Haydn), il approfondit les parties de développement et use du contrepoint dans son final avec un court fugato. Il participe donc ici au processus d’émancipation de la musique instrumentale, qui prend valeur pour elle-même, et non plus seulement en tant que faire-valoir de la musique vocale.
D'après Florence Badol-Bertrand (extrait de la note de programme du concert donné à la Cité de la musique le mardi 20 mars 2001 par la Camerata de Salzbourg, dirigée par Sir Roger Norrington).